Méthode Quertant ou Training neuro-sensoriel (TNS)

Descriptif

La méthode Quertant, également appelée TNS pour Training neuro-sensoriel, est une méthode d’entrainement perceptif qui prétend agir sur le fonctionnement du système nerveux à partir d’exercices visuels et sensoriels. Elle repose sur l’utilisation d’un appareil spécifique appelé diploscope, conçu par Raymond Quertant.

Le diploscope est présenté comme un instrument permettant d’observer les réactions visuelles, posturales et motrices d’une personne face à des stimuli lumineux intermittents ou alternés, perçus par un seul œil ou par les deux yeux de manière dissociée. Les réactions observées lors de cet examen sont interprétées comme étant révélatrices d’un « fonctionnement neuro-sensoriel » global, incluant des dimensions cognitives, émotionnelles et comportementales.

À partir de cette évaluation, la méthode propose un entrainement individualisé reposant sur des exercices réalisés avec le diploscope. 

Ces exercices consistent principalement en :

  • la fixation ou le suivi de stimuli lumineux dans des conditions visuelles contrôlées ;
  • des sollicitations visuelles dissociées entre l’œil droit et l’œil gauche ;
  • des répétitions régulières d’exercices visant à modifier les réactions perceptives observées lors du test initial.

Selon les promoteurs de la méthode, ces exercices permettraient de réorganiser les réponses du système nerveux, d’améliorer l’équilibre neuro-sensoriel et, par extension, de produire des effets positifs sur l’attention, la régulation émotionnelle et les apprentissages scolaires.

Source : Site officiel – Méthode QUERTANT® 

Promesses

La méthode est présentée comme pouvant :

  • améliorer l’attention, la concentration et la mémorisation ;
  • réduire le stress, l’anxiété et les troubles émotionnels ;
  • faciliter les apprentissages scolaires et les performances intellectuelles ;
  • accompagner des enfants en difficulté scolaire, présentant des troubles de l’attention, des troubles DYS ou un mal-être général ;
  • favoriser un meilleur équilibre émotionnel et relationnel.

Elle aiderait les enfants timides, colériques, anxieux, susceptibles, hypersensibles ayant des troubles digestifs, somnolents… 

Source : Site officiel – Méthode QUERTANT® 

Origine

Selon le récit porté par les promoteurs de la méthode, Georges Quertant,musicien français, aurait consacré sa vie à l’observation du fonctionnement humain, en s’intéressant particulièrement aux liens entre perception sensorielle et équilibre nerveux. Ce discours met en avant une trajectoire singulière, marquée par une immersion précoce dans le milieu médical via son frère, une pratique musicale présentée comme structurante, et l’élaboration progressive de ce qui sera nommé culture psycho-sensorielle.

Élaborée à partir des années 1930, la méthode Quertant s’inscrit historiquement dans le prolongement de la psychophysiologie et de la psychologie expérimentale de la fin du XIXe siècle. Elle s’inspire notamment de l’évolutionnisme psychologique de Théodule Ribot (1888) et des travaux d’Alfred Binet et Charles Féré (1887), qui exploraient les influences des stimulations sensorielles sur les états de conscience et les fonctions nerveuses.

Dans ce contexte intellectuel, des théories émergeaient pour postuler une corrélation entre la régulation des fonctions sensorielles, dont la vision, et l’équilibre psychique global. Ces approches reposaient sur l’hypothèse qu’un entraînement ciblé de la fonction visuelle pourrait agir, par répercussion, sur l’organisation nerveuse centrale.

Toutefois, les neurosciences contemporaines nuancent fortement ces liens mécanistes. Si la plasticité cérébrale permet des améliorations fonctionnelles spécifiques (comme la binocularité), les modèles actuels de complexité neuronale et synaptique décrits dans les ouvrages de référence de Eric Kandel (Principles of Neural Science, 5e éd.) réfutent l’idée d’un transfert direct et automatique entre une gymnastique oculaire et la résolution de troubles complexes de la personnalité. À cet égard, le consensus de l’American Academy of Pediatrics (2009) demeure une référence centrale, soulignant l’absence de preuves scientifiques rigoureuses quant à l’efficacité des thérapies visuelles pour le traitement des troubles neurodéveloppementaux ou de l’apprentissage comme la dyslexie.

Autres dénominations

  • Méthode Quertant
  • TNS – Training neuro-sensoriel
  • Rééducation neuro-sensorielle
  • Entrainement neuro-visuel

Points de vigilance

Plusieurs éléments appellent à une vigilance particulière, notamment en contexte scolaire :

  • la méthode revendique une action directe sur le cerveau et le système nerveux sans s’appuyer sur des publications scientifiques évaluées par les pairs ;
  • aucun consensus scientifique ne reconnait la validité diagnostique de l’appareil Quertant ni des profils neuro-sensoriels proposés ;
  • les liens établis entre mouvements oculaires, personnalité, émotions et capacités cognitives relèvent d’hypothèses anciennes, non confirmées par les neurosciences contemporaines ;
  • la méthode est souvent proposée par des praticiennes et praticiens n’ayant aucune formation médicale ;
  • les promesses formulées à destination des enfants en difficulté scolaire peuvent conduire à des attentes irréalistes et à un retard dans l’accès à des prises en charge éducatives ou médicales adaptées.

Orienter des parents vers une prise en charge pseudo scientifique pour leur enfant, en particulier lorsqu’elle prétend agir sur le cerveau, les apprentissages ou l’équilibre émotionnel, engage la responsabilité de la personne qui la recommande. Les autorités sanitaires rappellent que seules des prises en charge fondées sur des données probantes et assurées par des professionnelles et professionnels qualifiés doivent être proposées aux enfants. En contexte scolaire, promouvoir des méthodes non validées peut détourner les familles des dispositifs institutionnels existants et exposer les enfants à des pratiques inadaptées.

Et si on faisait plutôt…

… dans la classe : des aménagements pédagogiques, un travail sur l’attention et l’autorégulation à partir de situations d’apprentissage concrètes, de pauses motrices ou d’activités physiques adaptées…

… hors de la classe : faire appel au RASED (Réseau d’Aide Spécialisée aux Elèves en difficulté) s’il en reste un dans les parages, orienter les parents vers le PsyEN, le médecin scolaire ou leur médecin de famille en cas de difficultés persistantes pour envisager une vraie prise en charge adaptée.