Les véritables secrets pour améliorer le bien-être des élèves 

Renoncer aux solutions universelles magiques qui sont forcément illusoires

La méthode bidule en classe, la séance trucmuche entre midi et deux, la semaine “spéciale bien-être”… c’est bien mignon mais en plus d’être la porte ouverte à tout et surtout à n’importe quoi (cf les articles taggés “bien-être” de ce site), c’est assez peu concluant, ça n’agit pas sur les causes et ça rend chaque élève responsable de son état.
En effet, s’il va mal, c’est parce-qu’il ne s’est pas appliqué (ou n’y a pas cru assez fort), qu’il a manqué des séances ou a refusé d’y aller, à moins qu’il n’ait pas suivi les bons conseils donnés.
Ne pas faire ses devoirs de “bien-être” c’est quand même assez inadmissible vous l’admettrez volontiers !    

Identifier les problèmes, leurs causes et faire le tri

De quoi parle-t-on ? Ce qui relève du bien-être / mal-être, c’est vague et vaste : stress, capacité d’attention et de concentration, gestion des émotions, santé mentale et physique, anxiété, agitation, violence, empathie, difficultés d’apprentissage, sociabilité… en plus tout ne relève pas de l’École et dans ce qui appartient au contexte scolaire nous n’avons pas prise sur tout.
Concernant ce sur quoi nous ne pouvons agir directement, on peut se mobiliser, avec d’autres, pour améliorer les choses : militantisme, syndicalisme, engagement associatif… 

Concernant ce sur quoi nous avons un pouvoir d’action dans le cadre de nos missions, on s’y met, sérieusement en analysant un par un les problèmes qui se posent et en cherchant, si possible en équipe et sans oublier d’y associer les élèves, des façons d’améliorer la situation. 

Remettre en perspective le bien-être dans le climat scolaire

Ce qu’on entend par “bien-être à l’école” fait partie du “climat scolaire”, c’est-à-dire des conditions qui permettent d’apprendre dans de bonnes conditions.
Un bon climat scolaire fait une vraie différence pour la réussite des élèves de milieux défavorisés, ceux des milieux favorisés réussissent indépendamment de ce climat.  

Les travaux de Benjamin Moignard et Éric Debarbieux sur le sujet ont permis de déterminer 7 piliers du climat scolaire qui sont, par ordre d’importance, en partant du plus prégnant :

  • Stratégie d’équipe : stabilité, modalités de travail collectif…
  • Justice scolaire : aspect sanctions & punitions, et aussi l’évaluation et les modalités de reconnaissance du travail  
  • Pédagogies et coopération
  • Prévention des violences et du harcèlement
  • Coéducation : travail avec les familles
  • Pratiques partenariales : travail avec les acteurs et structures non scolaires
  • Qualité de vie à l’école : gestion des flux, bâti…

Comme souvent les réponses sont systémiques, mais on ne peut pas résoudre un problème complexe et multiforme avec une solution simple et magique. Quand on défend cette dernière on se leurre, on perd du temps et de l’énergie sans résoudre le problème, voire on en ajoute d’autres ! 

Et si on est isolé ? 

Dans ce cas, hélas fréquent, on se concentre sur ce que l’on peut faire, dans sa classe, avec ses élèves en utilisant toutes nos marges de manœuvre.
On s’attaque aux problèmes précis qui se posent, un par un, à la racine en repensant ou en améliorant : notre posture, les modalités de travail en classe et à la maison, l’évaluation, les relations avec les parents… sans oublier notre propre rythme de travail car le bien-être de l’enseignant n’est évidemment pas négligeable. 

On n’hésite pas à associer les élèves : ils ont des idées, on teste des trucs avec eux modestement et on évalue ensemble ce qui aide, ce qui ne sert à rien et ce qui est contre-productif.  

Enfin, on décrypte, à chaque fois que l’occasion se présente, les croyances et pseudosciences avec les élèves, ça rentre complètement dans le développement de l’esprit critique.   

Pour creuser la question…

Outre la vidéo de la conférence de Benjamin Moignard, je vous invite à découvrir la réflexion ouverte par Philippe Meirieu qui propose de « Passer du bien-être au bien-devenir à l’École ».