Les véritables secrets pour développer les CPS des enfants 

Démythifier les compétences psychosociales (CPS) 

On peut commencer par exemple en lisant cet autre article sur le sujet : les CPS sont un cadre théorique intéressant et riche mais elles sont floues, mouvantes et non scientifiquement assises. Ce n’est pas pour autant qu’elles n’existent pas et ne servent à rien, d’ailleurs n’importe quel éducateur (parent ou professionnel) qui s’intéresse aux CPS y retrouve bien des éléments qui lui paraissent essentiels et évidents. Donc on évite de les considérer comme des absolus sans les rejeter ; elles sont intéressantes pour penser autrement et améliorer nos actions éducatives et pédagogiques.

C’est en effet une invitation à davantage prendre en compte des compétences transversales, des “savoirs-être” difficiles à saisir et à caractériser, qui, on le sent bien, sont importants pour bien apprendre et bien vivre avec les autres. 

Ne pas psychologiser à outrance

En contexte scolaire, ou plus globalement éducatif, on ne doit pas adopter une posture de thérapeute mais rester dans notre rôle d’enseignant et/ou d’éducateur. 

Avoir en tête les CPS et souhaiter aider des enfants ou des jeunes à les développer, n’implique pas de vouloir les analyser, les changer ou les soigner. C’est plutôt chercher à multiplier les occasions de découvrir, tester, entraîner des postures et des façons de faire potentiellement plus efficaces (et plus agréables) sans pour autant les imposer. Chacun a son propre fonctionnement, ses points forts et ses limites, c’est essentiel de le respecter tout en ouvrant des opportunités d’essayer de faire autrement. C’est permettre aux enfants d’expérimenter que des façons de se comporter singulières peuvent tout à fait cohabiter et même se compléter. 

Quand on lit certaines propositions d’activités dédiées aux CPS, on sent bien le risque d’induire chez les enfants un “comportement attendu” qui ne sera pas forcément confortable ni authentique. Il ne faudrait pas que les CPS deviennent des attentes scolaires standardisées, elles doivent vraiment s’inscrire dans le vécu des élèves de façon expérientielle. 

Concrètement

Ni catéchisme républicain, ni séances déconnectées du vécu de la classe (même si ça n’exclut pas des moments explicites), les CPS ne doivent surtout pas devenir des injonctions « normalisantes » (comme par exemple l’idée que ce serait mieux d’être extraverti) mais être intégrées naturellement dans les activités du groupe. En fait, et ça tombe bien, dans l’immense majorité des cas, elles sont déjà présentes notamment dans les modalités d’organisation et de travail. 

On peut tout à fait développer les CPS de nos élèves sans “machins” creux, new-age, de développement personnel ou se réclamant de la psychologie positive et même, j’ose le dire, sans programme clé en main fourni par le Ministère ou la recherche (ce qui n’exclut pas de s’en inspirer et d’aller y piocher des idées).
Les CPS sont avant tout une question de transmission par l’exemple, d’autorisation à essayer et se tromper, de régulation fine des échanges… le tout dans un climat de confiance. Comme pour le bien-être (cf l’article “Les véritables secrets pour améliorer le bien-être des élèves”), c’est mieux si on peut être en synergie avec l’équipe des collègues et les familles, mais on ne s’interdit pas pour autant de tenter des choses seul, enfin… avec l’implication des élèves / des enfants dont on a la charge. 

Les activités d’éducation populaire regorgent de pratiques pertinentes pour développer les CPS : jeux coopératifs, temps en auto-gestion, expressions artistiques, activités sportives…

Le contexte scolaire n’est pas en reste avec la coopération, les projets, les défis, les travaux de groupe, l’enseignement mutuel, le tutorat, les conseils d’élèves, les débats à visée philosophique ou autres, la régulation des conflits… 

Pour que ce soit vraiment efficace, il faut penser, comme pour les autres compétences, à éventuellement les expliciter en début de séance et surtout à les débriefer à la fin.  

Ne surtout pas hésiter à solliciter directement les élèves après leur avoir présenté les CPS, ils ont sûrement des idées et des propositions pour les travailler au mieux. Comme ça, on teste, on fait des bilans, on ajuste… sans oublier d’avoir auparavant fixé avec eux des indicateurs de réussite. Cela donne une démarche expérimentale et de projet tout à fait conforme aux objectifs de l’École, de nature à développer leurs savoirs-faire et leurs… CPS ! 

Cerise sur le gâteau, on en profite pour bien différencier « savoir » et « croire » dans les échanges autour des CPS, ça clarifie pour les enfants et ça évite à l’adulte de transmettre, sans le vouloir, des croyances. 

Cette démarche pragmatique et modeste est bien plus saine que de jouer à l’apprenti sorcier avec des méthodes d’influence et de formatage des enfants dont on ne maîtrise souvent ni l’origine, ni les mécanismes à l’œuvre, ni les effets à moyen et long terme.

Surtout on garde bien à l’esprit que, si l’École ne doit pas mettre à mal la santé mentale des élèves et même la protéger, ce n’est pas son rôle de SOIGNER !
Les injonctions provenant de l’Institution, parfois au nom de Santé publique France, ne doivent pas dépasser le cadre des compétences de chacun : un enfant en souffrance doit être pris en charge par des professionnels du soin dûment formés et compétents ; en classe et dans les lieux éducatifs il est évidemment l’objet d’attentions particulières en fonction de ses besoins pour apprendre ou participer aux activités proposées au mieux, mais pas il n’est pas dans un cadre thérapeutique.  

Des ressources concrètes pour aller plus loin