Que faire si votre enfant est concerné par une dérive scolaire ? 

Il y a deux erreurs à éviter : il ne faut ni dramatiser, ni banaliser.

Votre enfant rentre de l’école et vous raconte quelque chose qui vous fait penser qu’il a fait une activité qui est pour vous une dérive ou qu’il a été confronté à des propos relevant de croyances et/ou de pseudosciences.
Vérifiez bien auprès de lui ce qu’il s’est passé exactement et ce qu’il en a compris puis demandez un rendez-vous à l’enseignant concerné pour éclaircir les choses.

Gardez bien à l’esprit que dans l’immense majorité des cas, l’enseignant pense bien faire et n’a pas conscience du problème que cela peut poser. Écoutez-le clarifier les faits, prenez acte de ses bonnes intentions dont vous ne doutez pas, mais expliquez-lui en quoi cela vous questionne et vous dérange, c’est important qu’il sache que des parents jugent cela inapproprié et pourquoi. 

Si vous sentez qu’il n’est pas réceptif à vos arguments et qu’il va continuer ce type d’activité malgré votre intervention, prévenez-le que vous trouvez cela préoccupant et que vous allez signaler cet état des choses / vérifier que cela a bien sa place à l’École. 

À ce stade, le souci est que les cadres de l’Institution sont souvent aussi mal informés que l’enseignant. Selon le contexte vous pouvez tenter d’informer le chef d’établissement, le directeur ou l’inspecteur de circonscription mais cela risque de ne pas être très utile.
Entrer en guerre avec l’enseignant ou l’établissement est à éviter absolument, ce serait contre-productif et cela mettrait votre enfant dans une situation très inconfortable. 

Il existe normalement un correspondant MPPS dans chaque académie (Mission de Prévention des Phénomènes Sectaires) qui assure la prise en charge et le suivi des situations signalées. Ses missions consistent à recueillir, suivre et diffuser les informations sur les situations à risque dans l’académie et à veiller à la formation des personnels sur ces problématiques. (source)
Au moment où j’écris cet article il n’existe toujours pas de moyen simple de les contacter, donc à défaut le mieux est de faire un mail directement au recteur.

Parallèlement, faites en ligne un signalement à la Miviludes, sans être impressionné par le fait qu’il s’agisse de signaler des “dérives sectaires”. En effet tout ce qui peut y mener est important à signaler et de toute façon c’est à la Miviludes qu’il revient d’évaluer le niveau de gravité, pas à vous. Vous avez un doute, vous êtes inquiet, vous signalez aux personnes compétentes, vous êtes dans votre rôle. Ce qui est important c’est d’être précis et factuel dans ce que vous rapportez.  
Cela se fait en ligne, en quelques minutes ici.
Il vous sera demandé votre identité et un moyen de vous joindre pour pouvoir vous solliciter s’il y a besoin de précisions et pour vous tenir au courant des suites. Si la Miviludes intervient ou parle de votre signalement dans son rapport c’est toujours de façon anonymisée, sans vous exposer.

Ces signalements sont importants car ces situations sont fortement invisibilisées et souvent peu prises au sérieux par l’Éducation nationale, plus il y aura des parents qui les repèreront et les mentionneront, plus il y a de chances que cela soit pris en compte dans la formation et l’information données aux enseignants et aux cadres de l’Institution. 

Faites confiance à votre enfant.

Expliquez-lui ce qui vous inquiète, pour lui mais aussi pour ses camarades et pour son enseignant, vous intervenez pour aider à ce que cela ne se reproduise pas ou pour vérifier que c’est bien normal et adapté.
N’hésitez pas à lui préciser que son enseignant pense sûrement que c’est bien / pas grave mais que vous n’êtes pas d’accord. 

Être confronté à des adultes qui ont des désaccords tout en se respectant évitera de le mettre dans un conflit de loyauté entre l’école et la maison et l’outillera pour lui apprendre à se forger son propre avis et développer son esprit critique. Saisissez cette occasion pour le sensibiliser à ces questions.